Frère Arnould, modèle de Confiance

Au départ, le contexte familial et social de sa province natale n'est pas favorable à l'acquisition des bases qui ouvrent à la préparation de la vie adulte.

L'éducation familiale qu'il reçut à Landroff a été valable, mais les conditions de vie très difficiles de ses parents l'ont confronté très tôt à la pauvreté, à l'impossibilité de poursuivre, après l'école primaire, des études qu'il aurait aimé faire, et à la nécessité de travailler très jeune pour ajouter quelques appoints aux très maigres revenus de son père.

Tout ou presque lui était fermé, il ne pouvait guère faire mieux que reproduire cette vie de misère campagnarde qui fut celle de ses parents. Il ne s'est pas laissé enfermer dans ce combat journalier contre pauvreté et misère, en tirant le meilleur de ce que l'École et l'Église de son village lui offraient. La première lui apportait les bases de l'instruction et la seconde la foi chrétienne enseignée et vécue.

Déjà là, il s'engage très jeune à enseigner le catéchisme aux enfants du village. La Providence lui apporte une offre d'emploi de charretier dans une entreprise voisine de chez lui qui s'est engagée dans la construction d'une Église à Charleville au cœur des Ardennes.

La coupure avec son milieu familial de Lorraine n'a pas dû être aisée. Mais c'était une chance de pouvoir travailler durablement et de recevoir un salaire qui aiderait davantage sa pauvre famille de Landroff. C'est là que le jeune ouvrier fait la connaissance des Frères des Écoles Chrétiennes qui donnent des cours du soir, élargissant le bagage élémentaire que le jeune Lorrain reçut à Landroff.

Comme à Landroff, il s'engage dans la catéchèse des jeunes, comme lui déracinés, venus de Savoie pour ramoner les cheminées ardennaises. Pleinement confiant dans le Seigneur qui l'a conduit à la rencontre des Frères, il comprend que c'est chez eux que son avenir s'épanouira.

Il demande à entrer dans la congrégation enseignante. C'est à Reims que les Supérieurs l'envoient dans le grand Pensionnat Saint-Joseph ouvert il y a peu de temps.

Le jeune ouvrier devenu enseignant aura bien quelques difficultés à s'adapter pleinement à sa mission professorale. Il comble les lacunes de son savoir par un travail courageux et personnel qui le rendront capable d'enseigner les grands élèves et de les préparer aux concours d'entrée des Arts et Métiers de Châlons-en-Champagne, tout proche.

Confiant dans la Providence, il eut aussi cette confiance en ses capacités intellectuelles qu'il développa magnifiquement.

Que de chemins parcourus depuis les bancs de l'École Communale de Landroff. Homme de science, Frère Arnould était aussi un religieux exceptionnel à qui ses supérieurs confièrent la direction des novices à Thillois tout près de Reims, puis à la nouvelle Maison du Sacré-Cœur, aujourd'hui École, Collège et Lycée.

Il est prêt à s'engager dans cette nouvelle mission mais reconnaît la difficulté de la tâche dont il fait part dans une lettre à sa tante : "C'est un poste difficile et surtout bien délicat, d'être chargé de former les jeunes gens à la vie religieuse. Aussi, bien chère Tante, je me recommande à vos bonnes prières. Demandez pour moi les lumières, la prudence nécessaires pour conseiller et le courage de toujours édifier" (Si le grain de blé ... C. Lapierre p. 235).

Il exercera cette responsabilité 13 ans durant, ardent à ouvrir le chemin de la foi, de la charité fraternelle et du zèle dans le sillage de Jean-Baptiste de La Salle qui allait être canonisé 10 ans après le décès du Frère Arnould en 1890.

Modèle de confiance en Dieu qui conduit nos vies, Frère Arnould crut aussi à toutes les capacités de chacun pour rebondir dans sa vie, si difficile soit-elle ! Il en fut un magnifique exemple. Ces paroles du Frère Arnould soulignent la confiance pleine de reconnaissance qu'il propose à ses novices. « L'action de grâces est l'écho de la bonté de Dieu, le reflux de son amour, la réponse à ses miséricordes.

Le bienfait et l'action de grâces, qu'est-ce autre chose que deux amours qui se comprennent, qui s'attirent incessamment l'un l'autre ?