Frère Arnould, témoin pour aujourd'hui

 

 

Plus de 120 ans nous séparent de la fin de vie du Frère Arnould, mais ce sont deux siècles qui culturellement nous éloignent de lui. Né en 1838 sous Louis-Philippe, il meurt le 23 octobre 1890 au temps de Jules Ferry.

Aujourd'hui dans le 21ème Siècle depuis plus de 10 ans, nous sommes dans un monde nouveau à bien des titres. Le Frère Arnould n'a-t-il plus rien à nous dire ?

Jules-Nicolas Rèche vécut jusque 20 ans dans une famille pauvre, aîné de neuf enfants, dans son petit village de Lorraine rurale. Actuellement comme au milieu du 19eme Siècle la pauvreté touche en­core bien des foyers. C'est d'ailleurs pour subvenir aux besoins des siens qu'il s'engagera dans plusieurs emplois, près de Landroff et à Charleville.

Dans cette dernière ville aussi, il a souci de développer le mince bagage scolaire de son école communale, par les cours du soir créés par les Frères pour apporter aux jeunes et aux adultes, après leur tra­vail professionnel le complément ou supplément d'études dont ils res­sentent la nécessité.

Le créneau existe encore de nos jours, il fait partie des multiples moyens de formation permanente qui permettent à ceux qui le veulent, jeunes et adultes, d'acquérir ou de parfaire leurs con­naissances. Cela ne dispensera pas le jeune charretier devenu Frère enseignant de poursuivre toute sa vie, sa formation intellectuelle par un travail personnel. Les chemins de l'université ne sont pas encore ou­verts à tous à cette époque.

Malgré cela, Frère Arnould se montrera ca­pable de préparer des grands jeunes du Pensionnat St-Joseph au con­cours d'entrée des Arts & Métiers de Châlons.

Nous savons que les métiers présents et futurs nécessiteront la mobilité pour trouver les postes correspondants aux formations que l'on a faites. Il est manifeste aussi qu'à l'intérieur de chaque métier, une mise à jour régulière des savoir-faire est indispensable. De plus, des métiers disparaissent, de nouveaux se créent qui seront ouverts à ceux qui seront prêts à s'y lancer.

Frère Arnould, entré dans un Institut enseignant, s'est engagé à une mobilité permanente qui l'a conduit à St-Joseph de Reims, d'une classe à l'autre, d'un secteur d'enseignement à un autre. Ses supérieurs lui ont ensuite demandés de prendre en charge la formation humaine et religieuse des novices à Thillois, tout près de Reims.

Il terminera même par la direction générale de la Maison du Sacré-Cœur. Que de réorien­tations de ses acquis humains, intellectuels et religieux à travers les demandes successives de ses supérieurs dans le cadre de son vœu d'obéissance.

 

Monument du Frère Arnould à Landroff, à l'emplacement de sa maison natale.

 

Dans notre monde du 21ème Siècle, nous sommes trop souvent tentés de valoriser au maximum sciences et techniques, ce qui est louable, mais en laissant de côté les valeurs et la foi qui donnent sens à la vie.

Dès son jeune âge, Frère Arnould a mené de front l'acquisition du savoir scientifique et celui de sa foi.

Chez lui engagement profes­sionnel et religieux sont intimement mêlés. Sa foi et sa condition de religieux-enseignant s'éclairent mutuellement. Les bouleversements politiques, sociaux, culturels qui secouent la 2ème moitié du 19ème siècle ne feront pas vaciller ses convictions. Au contraire, ses Supérieurs lui donneront la lourde responsabilité, à Thillois, de former des jeunes à la vie religieuse.

On met parfois l'accent sur la vie de mortifications, de renonce­ment du Frère Arnould. Il ne faudrait pas laisser dans l'ombre le carac­tère ouvert, épanoui et heureux d'un humble Frère qui ne s'est pas lais­sé abattre par les conditions difficiles de sa famille, de ses études, de ses responsabilités. Les psychologues parlent aujourd'hui de "résilience", c'est-à-dire la capacité de certains jeunes et adultes à rebondir à la suite d'épreuves, de s'en sortir.

Frère Arnould a pleinement réussi sa vie, a aidé sa famille à traverser des périodes difficiles, a œuvré tant auprès de ses élèves champenois que des jeunes novices de Cham­pagne-Lorraine, leur témoignant que travail, prière et foi peuvent sur­monter tous les obstacles. Oui, Frère Arnould a en­core quelque chose à nous dire aujourd'hui !

Prions : « Tu as donné, Seigneur, au Bienheu­reux F. Arnould la grâce d'imiter le Christ humble et pauvre; accorde-nous, par son intercession, de suivre fidèlement l'appel que nous avons reçu et d'atteindre à la perfection dont tu nous as donné l'exemple dans la personne de Jésus ton Fils. Amen ».

 


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